Ecrits

Noces de sang
(Le 15 novembre 2000)

La chaleur de l'enfer sur mon corps alangui
Brûle par son mystère. Viens à moi, viens ici !
Sur ma gorge, tu te sers. Avide, tu te nourris.
Des entrailles de la terre, tu renais à la vie.

Sur tes lèvres cruelles, une goutte de sang.
Sur mon sein qui ruisselle, tu te gaves en tremblant.
Tu me ceins, m'ensorcelles ; tu me perds, mon amant !
De ta vie éternelle, tu me donnes, haletant !

Croix de terre, croix de sang, tu exècres la lumière.
En mon être si souvent, dans le noir, tu opères.
Assouvis ton penchant si tel est ton bréviaire
Mais ton âme, en errant, redeviendra poussière.

Si l'amour t'indiffère ou si tu n'en as cure,
De la vie, tu ne gères que le côté lugubre.
De ma bouche douce-amère, au doux goût de luxure,
Tu aspires tout mon air, tu laisses un goût de mûre.

De tes doigts émaciés, tu caresses ma peau,
De tes griffes acérées, tu y laisse ton sceau.
Si mon amour blessé découvre tous mes maux,
Tu m'aimeras en secret, tu me tiendras au chaud.

Pour que jamais plus tard, tu ne puisses me trahir,
Je m'offre tous les soirs, tu ne peux pas partir.
Scellés nos destins noirs, le meilleur et le pire
S'affronteront sans fard au prix du martyr.

Lâche !
(Le 09 décembre 2001)

J’ouvre ma porte, tu m’apparais.
J’ouvre mon cœur, tu disparais.
Je donne mes lèvres, tu les embrasses.
Je conte mes rêves et tu te casses.

Si je dis oui, tu accours là
Où meurt l’ennui, ivre dans mes bras.
Mais si je me refuse à toi,
Tu capitules, tu baisses les bras.

Je donne la clef de mon amour,
Tu en as fait déjà le tour.
Tu m’as tué à petit feu,
Tu as éteint l’or dans mes yeux.

Sur le chemin de l’amour vrai
Tu as marché un bel été,
Mais tu es tombé à l’automne.
Tu n’as jamais aimé personne !

Collectionneur
(Le 12 octobre 2005)

Collectionne les voitures,
Les cochons, les bidons…
Collectionne les parures,
Les savons, les jupons…

Collectionne les vinyles,
Les patins, les bassins…
Collectionne les fossiles,
Les pantins, les bambins…

Collectionne ce qui tombe
Sous tes mains… chérubins…
Collectionne même les bombes
Si tel est ton dessein…

Collectionne ces chères fleurs
Qui abondent au jardin…
Mais ne garde qu’un seul cœur
Dans le creux de tes mains…

Le mien…

Désolation
(Le 29 septembre 1999)

La nuit
Les profondeurs dans lesquelles je veux me glisser
La nuit
Autour de moi, tout tourne, c’est l’éternité
La vie
Tout est si vague, si triste, si lent, si laid
La vie
Comme un cauchemar qui n’en finit jamais
J’y perds pied

Le soleil
Brille de mille feux, m’aveugle, m’attire, me fait peur
Le soleil
Astre du ciel, pyromane de mes jours qui se meurent
Le feu
Embrase tout sur le chemin où je compte mes heures
Le feu
Parti de nulle part, il croît et répand sa chaleur
Il se tord de douleur

Une ombre
Sur mon visage, se perd, livide, dans l’infini
Une ombre
Et tout se fane, se brise, se meurt, se liquéfie
Désespoir
Les rêves brisés d’un monde enseveli
Désespoir
Etreindre l’autre côté, ne plus vivre ainsi
J’ai perdu la partie

Serment
(Le 23 octobre 1999)

Serais-tu là
Si le monde s’écroulait
Tout autour de moi
Juste pour l’éternité ?

Serais-tu là
Pour toujours et à jamais
Si mon cœur las
Soudain s’arrêtait ?

Serais-tu là
Pour me supporter ?
As-tu en toi
Cette force d’aimer ?

Ressens-tu l’émoi,
Dis-moi la vérité,
De mon cœur qui bat
Comme un animal blessé ?

Ressens-tu l’émoi
En mon âme condamnée
Quand je perds la foi
Pour te jurer fidélité ?

Ressens-tu parfois
Ma vie basculer
Au tréfonds de toi ?
Je t’en prie, réponds-moi

Et promets, promets…

Désillusion
(Le 21 janvier 2000)

Dans les profondeurs
De mon amour meurtri
Il y a comme une langueur
Qui jamais ne finit
Sans cesse, la douleur
Me rappelle à ses cris
Comment vaincre la froideur
De la passion qui s’enfuit ?
Eternelle fadeur
D’une vie mal remplie
Qui fait éteindre le cœur
A qui perd la partie
Pourquoi avoir peur
Quand on sait que la vie
Efface toutes les heures
Telle une litanie ?
Si on verse des pleurs
C’est pour un oubli
Qui dans toute sa laideur
N’est jamais que survie
Alors, avec horreur
Jamais on ne saura si
L’être aimé goûtera la saveur
De l’au-delà de la vie

Une page se tourne...

Vous êtes la vie,
Je suis la mort.
Mon cœur ne bat
Que pour survivre

A celui qui,
Peut-être à tort,
A fait de moi
Un vaste livre

Qui est maudit.
Le mauvais sort
S'abattant là
Comme un dieu ivre.

Vous êtes la vie,
Je suis la mort
Son cœur ne bat
Que pour me suivre.

Et c'est moi qui,
Peut-être à tort,
Cœur en émoi,
Referme le livre.

Je lui souris
Et il s'endort.
Il est si las,
Je le délivre.