Carrie59 Dragon
Messages : 39431 Date d'inscription : 09/06/2012 Age : 55 Localisation : Nord
| Sujet: Jean Teulé - Héloïse, ouille ! Sam 25 Juil - 17:37 | |
| Résumé : À la fin de sa vie, Abélard écrivait à Héloïse : "Tu sais à quelles abjections ma luxure d'alors a conduit nos corps au point qu'aucun respect de la décence ou de Dieu ne me retirait de ce bourbier et que quand, même si ce n'était pas très souvent, tu hésitais, tu tentais de me dissuader, je profitais de ta faiblesse et te contraignais à consentir par des coups. Car je t'étais lié par une appétence si ardente que je faisais passer bien avant Dieu les misérables voluptés si obscènes que j'aurais honte aujourd'hui de nommer." Depuis quand ne peut-on pas nommer les choses ? Jean Teulé s'y emploie avec gourmandise. Mon avis : Je trouve ça vraiment sympa d’apprendre l’Histoire en se faisant plaisir. Oui, parce qu’il faut bien le dire, à moins d’être très prude ou coincée du c** (ce qu’il vaut mieux ne pas être en lisant ce livre), on prend quand même du plaisir à lire ce roman, surtout le début, où il y a du c**, du c** et encore du c**, c’est très cru. S’ils font une adaptation de ce livre un jour, ce sera classé porno, lol. Et puis bon, il y a toujours l’écriture de Teulé qui est vraiment jouissive (décidément, on n’en sort pas ^^). Ce qui est curieux c’est qu’à côté des expressions et langage de l’époque (génitoires, hurtebiller, …), Teulé fait souvent parler Héloïse avec un langage actuel (mec, burnes, …). Ça fait bizarre mais ça ne m’a pas dérangé. Parmi toutes ces scènes hard, il y a quand même des instants de poésie dont ce passage que j’ai aimé : « C’est l’abandon de tout moi entre ces doigts et l’aube des vols quand un index croise un majeur qui l’enroule puis le laisse lentement s’échapper pour le retrouver sous la paume glissant autour du poignet. Loin du remous gris des mers de chiffres et de phrases inutiles, c’est clair et sinueux comme de l’eau silencieuse. Leurs deux mains se font très longuement l’amour en suspension. Au frais oubli de ce qui les exile, voluptueuses, elles épatent les amants eux-mêmes… » (page 62) . J’ai relevé aussi un passage qui m’a bien fait rire. Le contexte, Fulbert, l’oncle d’Héloïse, surprend sa nièce et Abélard en pleine fornication : « - Votre main qui devait tourner les pages a écarté les voiles dont Héloïse s’enveloppait ! Vous vous êtes employé à séduire une petite orpheline sans expérience ! Sortez ! – C’est fait, répond le précepteur toujours sur l’élève. – Sortez aussi de mon presbytère ! » (page 96) . Un moment marquant aussi dans le livre c’est l’arrivée d’Abélard dans ce monastère de Bretagne, à Saint-Gildas de Rhuys. Alors là aussi c’est du lourd. J’ose espérer qu’en réalité les moines étaient moins dévoyés que ce qu’en dit Teulé car tout ce qui s’y passe est assez répugnant, à commencer par le bossu moine portier. Ce monastère est pire qu’un bordel ! Bref, vous l’aurez compris, j’ai vraiment apprécié ce nouveau roman de Teulé. Comme il le dit dans une de ses interviews, il s’est fait plaisir en l’écrivant (je n’en doute pas un seul instant) en espérant faire plaisir aussi à ses lecteurs. C’est réussi |
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